Napoléon Bonaparte et la campagne d'Égypte
Partie 2 : les grandes batailles militaires

Panorama de la bataille des Pyramides, le
Tableau, 1806, Louis-François Lejeune (1775—1848)
Treize jours après le départ, la flotte arrive en vue d'Alexandrie. Sachant l’intention qu'Alexandrie a de leur opposer de la résistance, les français se hâtent de débarquer à deux heures du matin puis se mettent en marche, arrivant à l’improviste sous les murs de la place forte. Suite à l'assaut français, les forces égyptiennes cèdent et prennent la fuite. Malgré l’ordre donné, les soldats français, se précipitent dans la ville qui n’a d'autre choix que de capituler et se rendre.
Les Britanniques se mobilisant pendant ce temps dans la région d'Alexandrie, le commandement français décide d'éviter tout combat naval. En effet, une défaite aurait pu avoir des conséquences désastreuses pour la campagne. Souhaitant marcher au plus vite sur Le Caire pour effrayer le commandement égyptien et le surprendre avant qu'il n'ait achevé de préparer sa défense, la flotte est divisée en deux : une partie se rend dans le mouillage d’Aboukir quand l'autre entre dans le vieux port d'Alexandrie puis se rend à Corfou.
S'ensuivent à ce débarquement réussi des français un certain nombre de batailles, se soldant pour certaines par une victoire des français et pour d'autres leur défaite. Les plus grandes — dont certaines sont restées dans l'Histoire — sont :
La suite de cet article passe sur chacune de ces grandes batailles.
La bataille des Pyramides a lieu le 21 juillet 1798 (le 3 thermidor an VI), opposant la France aux forces mamelouks.

La bataille des Pyramides
huile sur toile, 1810, Antoine Jean-Gros (1771—1835)
Dans un souci de propagande, Bonaparte décide d'appeler cette victoire « bataille des Pyramides », nom plus glorieux que « bataille du Caire » ou « bataille d'Embabech », lieux exact où se trouvait l'emplacement du camp des mamelouks où eurent effectivement lieu les combats. Ainsi, Bonaparte donne ainsi à croire que la bataille s'était déroulée au pied même des pyramides. En réalité, les pyramides devaient tout au plus être vaguement visibles à l'horizon.
Le commandant mamelouk, Mourad Bey, est à la tête de plus de 10 000 cavaliers, accompagnés 30 000 fellahs et janissaires. Ils effectuent de rapides travaux de fortification et installent cinquante pièces d'artilleries dans le camp retranché.
Face à eux, Bonaparte utilise alors la stratégie la plus adaptée pour contrer les charges des cavaliers mamelouks : le carré d'infanterie. Il fait mettre l'armée en carrés de 2 000 hommes décrits ainsi par Thiers :
Bonaparte ordonne à Desaix de prolonger sa droite pour se mettre hors de portée de l'artillerie, avant d'attaquer les mamelouks, tandis que Bon attaquera de front les retranchements mamelouks.

Bataille des Pyramides
peinture, 1896, Wojciech Kossak (1856—1942)
Rapidement, Mourad Bey perd la majorité de ses soldats et une partie tente de rejoindre la base arrière, que l'armée française prend en tenaille entre les différents carrés de soldats. Moins de 3 000 mamelouks parviennent à échapper aux Français et rejoignent leur camp.
À cet instant, toute la partie gauche de l'armée française se rue sur le camp ennemi qui ordonne à sa cavalerie de charger les colonnes françaises. Le choc est si rapide et brutal que ceux-ci en sont un moment ébranlés avant de se réunir en carrés, dont la discipline l'emporte sur les efforts désordonnés des mamelouks.

Bataille des pyramides
Bonaparte saisit alors ce moment décisif pour lancer l'attaque finale. Les français enlèvent le village et ses retranchements, et prennent 50 pièces d'artillerie, 400 chameaux, des richesses de toutes sortes et des vivres.
Bonaparte n'aura perdu qu'une trentaine d'hommes face à près de 20 000 mamelouks perdus pour l'opposant.
Cette bataille est si connue qu'elle a même donné son nom à une rue et une place en plein centre de Paris, dans le 1er arrondissement (place des pyramides et rue des pyramides).
La bataille d'Aboukir, aussi appelée bataille du Nil en anglais fut la plus importante bataille navale de la campagne d'Égypte, opposant les flottes britannique et française près d'Alexandrie. Elle a eu lieu entre le 1er et le 2 août 1798.
La flotte de Bonaparte se dirigeant vers l'Égypte fut prise en chasse par la flotte britannique menée par l'amiral Horatio Nelson. Durant plus de deux mois, Nelson a poursuivit les Français et les manqua de justesse à plusieurs reprises.
![]() Contre-amiral Sir Horatio Nelson Tableau de Lemuel Francis Abbott, 1800 |
![]() Vice-amiral François Paul de Brueys d'Aigalliers |
Après avoir débarqué en Égypte sans avoir été intercepté par Nelson, la flotte française jeta l'ancre le 27 juillet dans la baie d'Aboukir à 32 km au nord d'Alexandrie. Nelson y arriva le 1er août et se lança immédiatement à l'attaque.
La flotte française fut prise au piège par le tir croisé des navires britanniques qui s'étaient placés de chaque côté, les empêchant de fuir. Les navires français de l'avant-garde durent capituler au bout de trois heures d'un combat acharné, tandis que le centre était capable de repousser la première attaque britannique.
La destruction de l'Orient au cours de la Bataille du Nil
Tableau de George Arnald, 1827
Mais une seconde attaque des britanniques grâce aux renforts signa la fin du navire-amiral français l'Orient qui explosa.
L'arrière-garde de la flotte française tenta de s'échapper mais seuls deux navires de ligne et deux frégates y parvinrent, sur un total de 17 navires engagés. La bataille renversa la situation stratégique en Méditerranée et elle permit à la Royal Navy d'obtenir une position dominante, qu'elle conserva jusqu'à la fin de la guerre.
Bataille du Nil, 1er août 1798
Tableau de Thomas Whitcombe, 1816
Cette défaite française encouragea également les autres pays européens à rejoindre la Deuxième Coalition contre la France. Nelson, qui avait été blessé durant la bataille, devint un héros pour les coalisés et fut anobli vicomte Nelson. La bataille est restée longtemps vivante dans l'inconscient collectif, notamment britannique.
Le 21 octobre 1798 au vieux Caire, la population de la capitale se soulève et érige des fortifications à différents endroits de la ville, dont en particulier dans la grande mosquée.
Le chef de brigade Dupuy, commandant de la place, est le premier tué dans les émeutes. Le général Bon prend le commandement face à des égyptiens qui souhaitent en découdre avec les Français et égorgent ceux qui se trouvent sur leur chemin.
Des rassemblements se forment aux portes de la ville pour barrer l’entrée au général français. La situation de l’armée française est alors des plus critiques :
- Les Britanniques menacent les villes maritimes ;
- Les mamelouks tiennent toujours la campagne dans la Haute-Égypte ;
- Les généraux français ont du mal à conserver l'ordre en Basse-Égypte.
La révolte du Caire, le 21 octobre 1798
Huile sur Toile par Anne Louis GIRODET DE ROUCY TRIOSON
Les Arabes réunis aux paysans font alors cause commune avec les révoltés du Caire. Bonaparte prend alors des mesures pour mater la révolte : il ordonne à ses troupes de repousser les Arabes dans le désert et l’artillerie est braquée tout autour de la ville rebelle. Les insurgés se retrouvent acculés et se concentrent dans la grande mosquée.
Chose rare en Égypte, un violent orage éclate, interprété par une population superstitieuse comme un mauvais présage. Les insurgés demandent alors à Bonaparte d'accepter leur reddition. Mais celui-ci, refusant leur demande, ordonne à ses canonniers de faire feu sur la grande mosquée puis font voler les portes en éclats et y massacrent les Égyptiens.
Redevenu le maître absolu de la ville, le général en chef fait rechercher les auteurs et les instigateurs de la révolte. Quelques cheikhs, plusieurs Turcs ou Égyptiens, convaincus d’avoir fomenté les troubles, sont exécutés suite à ces recherches. Pour compléter le châtiment, la ville est frappée d’une forte contribution, et son Divan (son administration) est remplacé par une commission militaire.