Napoléon Bonaparte et la campagne d'Égypte
Partie 1 : origines et contexte historique
Bonaparte devant le Sphinx
Huile sur toile, Jean-Léon Gérôme (1824—1904)
Pourquoi une campagne en Égypte ?
En 1798, c'est le Directoire (nom du régime politique français en place durant la Première République, du 26 octobre 1795 au 9 novembre 1799) qui décide d’une expédition militaire en Égypte. Son objectif affiché est simple : contrecarrer la puissance commerciale britannique.
En effet, l’Égypte a une place de choix sur la route des Indes orientales, que la Grande-Bretagne utilise fortement. La France n’étant pas prête à déclencher une guerre frontale avec la Grande-Bretagne, c'est cette intervention indirecte qui est décidée pour étudier le "perçage" du canal de Suez.
Le Directoire fait alors appel au général Bonaparte, déjà glorieux de plusieurs succès, notamment lors de la campagne d'Italie. Certains pensent d'ailleurs que l'un des objectifs cachés de cette campagne est également d'éloigner un Bonaparte devenu trop encombrant et trop ambitieux.
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À cette époque, l’Égypte est une province de l’Empire ottoman et sujette aux dissensions des mamelouks qui échappent au contrôle du sultan. Les mamelouks sont des esclaves affranchis regroupés en milice au service de différents souverains musulmans, qui dispose d'un fort pouvoir dans le pays à cette époque. À l'origine au IXème siècle, les mamelouks forment la garde des califes abbassides à Bagdad et le titre n'est pas héréditaire. En effet, aux origines, ils sont recrutés parmi des enfants capturés dans des pays non musulmans, et certains parviennent à des positions importantes de commandement militaire. Mais en Égypte, s'ils sont issus de la garde servile du sultan Ayyoubide, ils le renversent en 1250 à l'occasion de la septième croisade et conservent le pouvoir jusqu’à la prise du pouvoir par les Ottomans en 1517. Ils conservent cependant un rôle important dans la province, et ce jusqu'au massacre de leurs chefs par Méhémet Ali en 1811. |
Mamelouk égyptien en habit ordinaire
Au même moment, en France, l'Égypte est au coeur des sujets :
- Les intellectuels de l'époque pensent que l’Égypte est le berceau de la civilisation occidentale et que la France se devait d'apporter les idées des Lumières au peuple égyptien ;
- Les négociants français installés sur le Nil se plaignent des tracasseries causées par les mamelouks ;
- Napoléon Bonaparte lui-même se voit marcher sur les traces d’Alexandre le Grand
Le départ pour l'Égypte
Très rapidement, une très grande armée est levée et appelée à Toulon et les différents ports de la Méditerranée : 40 000 hommes et 10 000 marins, treize vaisseaux de ligne, quatorze frégates, et quatre cents bâtiments équipés pour le transport de cette nombreuse armée.
Cependant, la destination est toujours un mystère : seuls Napoléon Bonaparte, ses généraux (Berthier et Caffarelli) et le mathématicien Gaspard Monge la connaissent. Cela pour une raison simple : ne pas croiser la flotte anglaise de l'amiral Nelson.
L'embarquement des troupes à Toulon à destination de l'Égypte
À gauche : Bonapart et ses officiers
Dessin, Pierre Martinet (1781–1815?)
Le général Bonaparte, comme en Italie, choisit huit officiers pour son État-Major : Duroc, Beauharnais, Jullien, Sulkowski, Croizier, Lavalette, Guibert et Merlin.
Bonaparte arrive à Toulon le 9 mai 1798 et embarque 10 jours plus tard, en s'adressant aux soldats :
"Soldats ! vous êtes une des ailes de l’armée d'Angleterre. Vous avez fait la guerre des montagnes, des plaines et des sièges ; il vous reste à faire la guerre maritime. Les légions romaines, que vous avez quelquefois imitées, mais pas encore égalées, combattaient Carthage tour à tour sur cette même mer et aux plaines de Zama. La victoire ne les abandonna jamais, parce que constamment elles furent braves, patientes à supporter les fatigues, disciplinées et unies entre elles… Soldats, matelots, vous avez été jusqu’à ce jour négligés ; aujourd’hui, la plus grande sollicitude de la République est pour vous… Le génie de la liberté, qui a rendu, dès sa naissance, la République, arbitre de l’Europe, veut qu’elle le soit des mers et des nations les plus lointaines."
À partir de son arrivée en Égypte, l'opération militaire s'enclenche et s'ensuivent de nombreuses batailles, dont certaines sont entrées dans l'histoire, comme la bataille des pyramides.
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Tracé du théâtre des opérations militaires en Égypte
E.L.F. Hauet
