Les femmes de l'Égypte antique : libres et indépendantes
Au temps des pharaons, et contrairement aux civilisations Grecques et Romaines, les femmes d'Égypte etaient libres et l'égale des hommes. Elles pouvaient en effet faire des études et exercer le métier de leur choix, posséder, gérer et gouverner, mais aussi hériter, divorcer mais aussi intenter un procès et le gagner.
Pour la journée internationale des droits des femmes, point historique sur la situation en Égypte antique, il y a plus de 3000 ans.
Statue de la reine Hatchepsout (de -1508 à -1457)
cinquième pharaon de la XVIIIe dynastie
Une naissance sur pied d'égalité
Face aux civilisations gréco-romaines où le patriarcat était omniprésent et les femmes réduites, dans le meilleur des cas, à des rôles de gestion du ménage, on a tendance à conclure que l'ensemble des civilisations de l'antiquité fonctionnaient sur le même modèle de soumission de la femme.
Or, tandis qu'en Grèce antique, pourtant berceau de la démocratie, où les femmes valaient moins qu'un esclave – ne pouvant jamais accéder au statut de citoyen – et restaient d'éternelles mineures, l'Égypte se démarque par sa modernité : elles étaient à égalité avec les hommes du point de vue de la loi.
Dans les faits, la naissance d'une fille est accueillie de la même manière que celle d’un garçon et leur éducation est équivalente. Nombreuses en effet furent les expertes en physique, mathématiques et architecture.
Des chances et des destins égaux
Les égyptiennes étaient libres de posséder des biens, gérer leur patrimoine, diriger des entreprises, être médecins, participer aux récoltes, devenir scribes dans l'administration, et bien plus encore. À travers les siècles, nombreuses furent les femmes qui occupèrent des fonctions spirituelles élevées et accèdèrent à des postes de hauts fonctionnaires – jusqu'à celui de vizir.
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La première femme médecin connue au monde est Péséshèt qui a exercé dès la IVe dynastie de l’Ancien Empire (entre –2670 et –2450). Elle était également directrice des prêtresses et devait à ce titre soigner les femmes de cour et la famille du pharaon, former les sages-femmes et se charger des funérailles des hauts dignitaires. Elle endossait donc des responsabilités très élevées et sacrées dans la société égyptienne. |
Des restes de patriarcat dans une société très hiérarchisée
Cependant, il ne faudrait oublier que la société égyptienne reste ancrée dans le patriarcat : le mari reste donc toutefois responsable du bien-être du ménage.
Un scribe dénommé Ani ayant vécu au Nouvel Empire le rappel d'ailleurs à un jeune marié avec une insistance :
"Si tu es sage, garde ta maison, aime ta femme sans mélange, nourris-la convenablement, habille-la bien. Caresse-la et remplis ses désirs. Ne sois pas brutal, tu obtiendras bien plus d'elle par les égards que par la violence. Si tu la repousses, ton ménage va à vau-l'eau. Ouvre-lui tes bras, appelle-la ; témoigne-lui ton amour."
Bien sûr les choses ne se déroulent pas toujours de façon idyllique et le divorce existe, pouvant être à l'initiative de l'un ou l'autre des époux. Si l'initiative émane du mari, il devra céder une partie des biens à son épouse. Si c'est la femme qui prend l'initiative, elle est tenue à la même obligation mais dans une moindre mesure. Le recours au tribunal est possible en cas de contestation entre époux – alors même que l'Administration n'intervient pas dans l'acte de mariage lui-même – les femmes conservant leur capacité juridique entière et pouvant gagner ces procès au même titre que les hommes.
Une égalité jusqu'au plus haut degré officiel du pouvoir
Les civilisations antiques où les femmes pouvaient atteindre des postes officiels importants sont rares. En Égypte antique, non seulement les exemples de femmes haut-fonctionnaires sont fréquents, mais on retrouve aussi des femmes à la fonction suprême, celle de pharaon.
Le temple d'Hatchepsout, sur la rive ouest du Nil à Louxor
Au-delà de l'égalité des sexes dans cette civilisation, c'est la marque de l'importance de la théocratie en Égypte : c'est la religion qui justifie la place sur le trône des pharaons.
En effet, alors que dans la majorité des sociétés antiques était pratiquée la transmission du pouvoir à l'héritier mâle uniquement, en Égypte c'est le sang royal qui est facteur de la légitimité divine et était l'unique critère d'accès au trône. Il est d'ailleurs à noter que cette essence divine n'était considérée comme transmise que par l'épouse royale. Ainsi, les égyptiens préféraient être gouvernés par une femme de sang royal plutôt que par un homme qui ne le serait pas.
Parmi les femmes pharaons de la période pré-hellénistique (période de forte influence gréco-romaine en égypte) les plus connues, on peut citer :
- Nitocris (VIe dynastie)
- Néférousobek (XIIe dynastie)
- Hatchepsout (XVIIIe dynastie)
- Ânkh-Khéperourê (XVIIIe dynastie)
- Taousert (XIXe dynastie)
Néfertari jouant au senet
Peinture dans la tombe de la reine
À noter que Cléopâtre VII, la plus connue, fut pharaon lors de la période hellénistique, période à laquelle l'influence gréco-romaine est venu dégrader progressivement la place de la femme dans la société égyptienne.
Même quand le pharaon est un homme, c'est généralement en tandem avec son épouse que celui-ci exerce le pouvoir, parfois tel un seul être bicéphale. Les couples Nefertiti – Akhenaton et Néfertari – Ramsès II en sont l'illustration parfaite où les deux femmes ont disposé d’une influence considérable sur les plans politique et diplomatique.
Buste de la reine Néfertiti
Une conséquence directe de la mythologie égyptienne ?
En Égypte antique, c'est la main de Dieu qui avait tout créé, ainsi l’homme comme la femme avaient été façonnés de la main même du divin, les sexes étaient donc différenciés dès la création. Chacun devait alors accepter son sort et de l’améliorer, sans pour autant enfreindre l’équilibre cosmique. Aucun des deux sexes n'avait alors une contrainte supérieure à l'autre. Pourtant si idéal, ce concept de société n'a pas été transgressé pendant près de trois mille ans.
Peut-être la mythologie égyptienne a sa part d'explication dans cet équilibre. Il existe en effet de très nombreuses déesses dans la mythologie égyptienne, dont beaucoup renvoyaient des positions de pouvoir tout aussi fortes que les dieux masculins. On peut citer par exemple : Isis (déesse de la magie et des mystères), Hathor (déesse nourricière et de l'amour), Bastet (déesse protectrice du foyer) ou encore Sekhmet (déesse féroce). Ces images renvoient également un prisme de lecture de la place de la femme dans la société égyptienne.